COMMUNIQUE DE PRESSE
COLLOQUE « DE LA RIGUEUR EN POLITIQUE »
Mardi 20 septembre au Palais du Luxembourg à Paris
« La rigueur en politique », c’est sans doute ce qui manque aujourd’hui le plus. Et ce qui explique le succès du colloque réuni sur ce thème par l’association « Présence de Raymond Barre ». Le double sens du mot n’est plus aujourd’hui un obstacle : les Français attendent de leur classe politique une conduite rigoureuse, même si cela conduit à une « politique de rigueur ». 40 ans après son accession à Matignon, et 10 ans après sa disparition, Raymond Barre pourrait aujourd’hui être totalement oublié. C’est pourtant le contraire : jamais sa pensée et les leçons de son action n’ont autant été actuelles. L’association « Présence de Raymond Barre » s’est donné pour objectif d’illustrer cette actualité. C’était l’objet de cette rencontre, tenue dans les locaux du Sénat.
La rigueur dans l’exercice du pouvoir était le premier domaine choisi. Autour d’Alain Duhamel, de l’Institut, on a pu constater des approches véritablement divergentes sur un point majeur, celui de l’État impartial, thème central de Raymond Barre pendant de longues années. François Bayrou s’est montré particulièrement strict sur le sujet alors qu’Eric Woerth, secrétaire général de « Les Républicains » et proche de Nicolas Sarkozy s’est montré partisan d’un « spoil system » à la française, permettant aux nouveaux pouvoirs politiques de changer les dirigeants des grandes administrations. Bien que trop jeune pour avoir voté en 1988, E. Philippe, proche d’A Juppé, rejoint les approches de vérité, de responsabilité et de confiance qui ont été la marque de Raymond Barre. La proximité de l’échéance présidentielle rend d’autant plus actuelle la dialectique entre la recherche de popularité et la capacité à exercer le pouvoir de façon efficace une fois élu.
L’Europe, la grande affaire de Raymond Barre a fait l’objet d’analyses convergentes, toutes largement en phase avec les interrogations qu’il n’avait jamais cachées : défavorable à l’entrée de la Grande-Bretagne en 1972/73, inquiet des conséquences de l’élargissement après 1991, dubitatif sur l’efficacité des institutions, réservé sur une union monétaire sans rapprochement économique et budgétaire. En écho, tant Alain Lamassoure que Jean Bizet ont fait part devant Renaud Girard de leurs inquiétudes actuelles d’une Europe-espace incapable d’être une Europe-puissance, devant l’ampleur des problèmes économiques, politiques et institutionnels qui se posent à elle, sans qu’on puisse y apporter de solution visible.
La compétitivité que Raymond Barre a été le premier à présenter comme l’élément essentiel d’une politique économique a fait l’objet, lors de la troisième table ronde, d’analyses fines et convergentes de Michel Cicurel, Nicolas Baverez et Jean Marc Daniel. Le consensus qui s’est fait autour de cet élément clé de toute analyse est le meilleur hommage qui pouvait être rendu à la présence si actuelle de la pensée de Raymond Barre dans la vie publique d’aujourd’hui. Gerard Collomb, successeur (PS) de Raymond Barre à la mairie de Lyon rejoint cet assentiment et exprime la filiation des projets qu’il poursuit avec l’esprit qu’avait insufflé son prédécesseur.
Enfin, le dernier moment de cette rencontre était naturellement consacré au domaine de prédilection du professeur Barre : la formation des hommes. Avec entrain et brio, Luc Ferry, Patrick Hetzel et Jean François Pilliard ont débattu de la politique actuelle de l’éducation initiale et de la formation professionnelle, toutes deux clés d’un développement social et économique qui font aujourd’hui gravement défaut. Tant le système actuel de l’Éducation nationale que de la formation professionnelle ont fait l’objet d’analyses critiques de la part de ces trois experts indiscutables et écoutés.
La conclusion générale de cette riche journée, au-delà de la démonstration du souvenir vivant que de nombreux participants avaient conservé de Raymond Barre, est que l’héritage légué est encore d’une véritable actualité. Plutôt que de regretter vainement qu’il n’ait pas été mieux entendu et suivi, on constate que ses analyses peuvent encore aujourd’hui guider l’action publique. Tous les intervenants ont conclu en ce sens. Reste à assurer la relève.
Lire : Quelques références sur les 4 thèmes du colloque
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